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Stationnement passage piéton : la règle des 5 mètres

La suppression systématique du stationnement passage piéton remet en question l’organisation de l’espace public et impose une adaptation rapide aux gestionnaires de voirie comme aux automobilistes. Cet article examine les mécanismes de la loi LOM qui oblige à neutraliser la zone des cinq mètres en amont des passages pour rétablir les angles de vision nécessaires à la sécurité. Nous détaillons ici le calendrier réglementaire jusqu’en 2026, les risques financiers pour les contrevenants et l’impact quantitatif de cette transformation structurelle sur l’offre de stationnement urbaine.

passage piéton

La fin du stationnement près des passages piétons : ce que dit la loi

La réglementation urbaine évolue drastiquement pour réduire l’accidentalité. Désormais, la priorité absolue est donnée à la suppression des masques de visibilité aux abords des traversées piétonnes, une mesure technique qui redéfinit le profil de nos rues.

La règle des 5 mètres : une nouvelle norme de sécurité

Depuis l’adoption de la Loi d’Orientation des Mobilités (LOM) fin 2019, la directive est sans équivoque. Il est désormais interdit de maintenir ou de créer des places de stationnement sur la chaussée dans les 5 mètres en amont d’un passage piéton.

Cette contrainte technique est ancrée dans le marbre législatif via l’article L. 118-5-1 du Code de la voirie routière. Pour les gestionnaires de voirie en France, cette mise aux normes devient une obligation légale non négociable.

Pourquoi cette mesure ? la visibilité avant tout

L’objectif vise à garantir une visibilité mutuelle immédiate entre le piéton engagé et le conducteur en approche.

Concrètement, un véhicule stationné juste avant les bandes blanches génère un angle mort dangereux. Il masque totalement les usagers vulnérables, surtout les enfants, les obligeant à s’avancer risquée sur la chaussée pour voir.

Les données techniques justifient cette suppression : elle offre un gain de visibilité significatif pour les véhicules qui circulent. Ce delta de distance constitue souvent la marge nécessaire pour éviter l’impact.

Qui est concerné par cette interdiction ?

L’interdiction cible l’ensemble des véhicules motorisés sans distinction de gabarit. Voitures, motos, scooters et cyclomoteurs sont tous exclus de ces zones tampons pour dégager la ligne de vue.

Le législateur a toutefois prévu des exceptions pragmatiques. Les vélos […] restent autorisés à stationner dans ce périmètre de 5 mètres.

Une nuance géographique s’impose : la règle s’applique uniquement du côté où arrivent les véhicules, impossible de se garer dans les 5 mètres qui précèdent le passage piéton. En revanche, se garer juste après le passage reste autorisé, sauf signalisation contraire.

Date butoir 2026 et amendes : le calendrier et les sanctions

L’échéance du 31 décembre 2026 : une mise en conformité progressive

Les collectivités disposent d’un délai courant jusqu’au 31 décembre 2026 pour finaliser la suppression de ces emplacements. Cette date marque l’ultimatum légal pour la mise en conformité totale du parc de stationnement urbain.

Ne croyez pas être tranquille d’ici là. L’obligation de suppression devient immédiate dès l’instant où la voirie subit des travaux de rénovation ou d’aménagement. Si les pelleteuses passent, la place saute aussitôt, sans attendre l’échéance finale.

Stationnement très gênant : à quelle sauce allez-vous être mangé ?

L’infraction change de catégorie juridique : se garer dans cette zone constitue désormais un stationnement très gênant au regard du Code de la route.

Le conducteur s’expose directement à une amende forfaitaire de 135 euros, bien loin des sanctions pour stationnement gênant simple. Voici le détail précis de ce qui vous attend si vous ignorez cette règle de sécurité :

  • Amende forfaitaire de 135 €.
  • Montant majoré pouvant atteindre 575 € en cas de retard de paiement.
  • Risque d’immobilisation et de mise en fourrière du véhicule.
  • Précision : En règle générale, elle ne s’accompagne pas de retrait de points, car il ne s’agit pas d’une infraction liée à la conduite. Une requalification plus sévère reste toutefois possible en cas de danger manifeste.

Le marquage au sol n’a pas disparu, et alors ?

C’est le piège classique pour l’automobiliste. La réglementation prévaut sur la signalisation visuelle : l’infraction est caractérisée même si les lignes blanches de l’ancienne place subsistent encore sur le bitume.

Appliquez strictement la règle des 5 mètres sans attendre que la peinture soit effacée. Les forces de l’ordre verbalisent la zone, peu importe l’état du marquage au sol.

L’impact concret dans les grandes villes

Cette obligation légale dépasse la théorie. Elle remodèle physiquement nos artères urbaines, avec des conséquences chiffrées immédiates pour les grandes agglomérations.

Des milliers de places en moins : le grand chambardement

Ce n’est pas un ajustement marginal, c’est une refonte massive. Des milliers d’emplacements disparaissent purement et simplement de l’espace public.

Prenez Paris : la capitale doit supprimer environ 7 000 places pour se conformer à la loi. D’autres métropoles emboîtent le pas, redéfinissant la carte du stationnement. Ces suppressions modifient radicalement la dynamique des quartiers, obligeant les commerçants à repenser leur accessibilité. C’est un enjeu majeur pour le flux piéton et son analyse, car chaque mètre carré libéré change la façon dont on consomme la ville et impacte directement la fréquentation des points de vente environnants.

Suppression de places de stationnement : estimation de l’impact dans les grandes agglomérations
Ville / Métropole Nombre de places à supprimer (estimation)
Paris 7 000
Métropole de Lille 4 500
Lyon Plus de 3 300
Amiens 3 325
Bordeaux Environ 1 000

Le coût pour les collectivités : une transformation budgétée

Cette mise en conformité représente un investissement lourd que les budgets municipaux doivent absorber sans aide extérieure. La sécurité a un prix, et la facture est salée pour les mairies.

Pour les grandes agglomérations, le coût total grimpe à plusieurs millions d’euros. Cela inclut l’effacement du marquage au sol et le réaménagement physique nécessaire des espaces ainsi libérés.

Après la suppression : alternatives et nouveaux usages

Les places disparaissent, mais une question pragmatique demeure : où se garer désormais et comment valoriser intelligemment cet espace reconquis ?

Où se garer ? les solutions de rechange pour les automobilistes

Il faut regarder la réalité en face : la suppression du stationnement en surface complexifie la logistique pour l’automobiliste. La recherche d’une place devient logiquement plus ardue.

Pourtant, des solutions existent pour absorber ce flux. Les conducteurs sont orientés vers les parkings souterrains, ou guidés par le téléjalonnement et les applications mobiles indiquant les disponibilités réelles.

Que deviennent les espaces libérés ?

Ces mètres carrés ne sont pas perdus. Ils sont stratégiquement réinvestis pour améliorer le cadre de vie des riverains.

L’espace récupéré sur la voiture permet de repenser la fonctionnalité de la rue à travers des aménagements concrets :

  • Installation d’arceaux à vélos, une solution simple et efficace.
  • Ajout de mobilier urbain comme des bancs publics.
  • Création de petits espaces verts pour végétaliser la voirie.
  • Maintien d’un espace libre pour la circulation des piétons et PMR.

Un nouvel urbanisme au service des piétons et des commerces

Cette mesure s’inscrit dans une tendance de fond : rendre la ville plus sûre pour les piétons. C’est un pas vers un partage de l’espace public plus équilibré.

Au-delà de la sécurité, l’économie locale en bénéficie. Des rues plus praticables pourraient renforcer l’attractivité de la zone, un critère clé pour choisir le meilleur emplacement commercial et dynamiser durablement la vie de quartier.

La suppression des places en amont des passages piétons impose une adaptation rapide aux collectivités et acteurs du commerce. Au-delà de la contrainte légale de 2026, cette mesure reconfigure les flux urbains et la visibilité des emplacements. Anticiper ces mutations devient essentiel pour valoriser l’espace public et sécuriser l’attractivité des zones de chalandise.