Comment réaliser une étude de marché local en 2025
Ouvrir un commerce, lancer un service de proximité ou investir dans une nouvelle ville : autant d’aventures passionnantes… mais aussi risquées si l’on avance sans repères ! En 2025, les mutations économiques, l’exigence croissante des consommateurs et l’explosion de la donnée changent la donne. Une bonne étude de marché local n’est plus un luxe, mais un véritable gilet de sauvetage.
D’après Bpifrance, “plus de 75 % des jeunes entreprises ayant échoué évoquent une mauvaise évaluation de leur marché comme principale cause d’échec” .
Alors, comment s’y prendre pour réussir une étude de marché local en 2025 ? Voici le guide pour éviter les écueils, profiter des outils les plus récents, et transformer l’information en levier de réussite.
Pourquoi une étude de marché local ? Les enjeux en 2025
Avant de rentrer dans la méthode, un rappel : pourquoi ne peut-on plus s’en passer ?
En 2025, la volatilité des habitudes (post-covid, inflation, montée du e-commerce…), la reconfiguration rapide de nombreux quartiers, la concurrence “hybride” (magasins, web, livraison express) rendent impossible le pari “au flair”.
Exemple frappant : “En 2024, plus de 35 % des nouveaux commerces de centre-ville à Paris étaient issus de concepts jamais testés auparavant sur leur zone” (APUR, 2024).
La donnée locale est la seule source fiable pour :
Ajuster son offre,
Choisir le bon emplacement,
Prévoir le bon chiffre d’affaires,
Réussir face à la concurrence.
La réalité du terrain
“J’ai repris un local de restauration à Bordeaux, pensant surfer sur la mode du poké bowl. Mais la clientèle du quartier était surtout composée de retraités et de familles. Résultat : j’ai dû adapter la carte au bout de trois mois pour répondre à la demande réelle !”
— Camille, restauratrice (2024)
Clarifier son projet : poser les bonnes questions
La réussite d’une étude de marché commence par la clarté de ton projet.
Pose-toi les bonnes questions :
À qui s’adresse ton offre ?
Quel est le besoin local ?
Quelles sont tes contraintes ? (budget, timing, compétences, réglementations…)
Écris noir sur blanc tes objectifs et les “questions clés” auxquelles tu dois répondre. Exemples :
“Le quartier compte-t-il assez d’actifs pour un concept de restauration rapide ?”
“Les habitants sont-ils ouverts aux nouvelles tendances, ou attachés au commerce traditionnel ?”
“Quel chiffre d’affaires minimum dois-je viser pour être rentable ?”
Conseil du pro : Réalise un mini-cahier des charges de ton étude, même sur une simple feuille A4. Cela t’obligera à cadrer ta réflexion et à éviter de t’éparpiller.
Collecter l’information : méthodes classiques, datas et outils 2025
Même à l’ère des datas, rien ne vaut l’immersion locale.
Observe les flux de passants à différentes heures et jours,
Note la diversité de la clientèle (jeunes, seniors, familles, touristes…),
Discute avec les commerçants voisins : leur ressenti, leur expérience, les temps forts ou creux.
Astuce terrain : utilise un compteur manuel (ou une application smartphone) pour mesurer le passage devant un local cible à plusieurs moments de la journée. C’est une info que peu de concurrents prennent le temps de collecter !
Un sondage rapide, un micro-trottoir ou même un simple “carnet d’écoute” permettent d’éviter bien des erreurs de concept.
Chiffre clé : “Selon l’INSEE, 68 % des porteurs de projet qui mènent au moins 50 entretiens terrain affinent leur concept de façon significative et rapide” .
Conseil : Propose une petite récompense (café offert, tirage au sort, bon de réduction) pour inciter les passants à répondre.
La France figure parmi les champions européens de l’open data :
Data.gouv.fr (statistiques socio-démographiques, SIRENE, mobilités…)
INSEE (population, revenus, familles…)
APUR, CCI locales (répartition des commerces, attractivité)
Base SIRENE : pour recenser tous les établissements actifs
Chiffre : “Au 1er janvier 2025, la base SIRENE recensait 3,9 millions d’établissements actifs”.
La digitalisation bouleverse l’accès à l’info locale :
Urban Metrics, Codata : cartographie des commerces, analyse de flux piétons, visualisation de l’environnement concurrentiel
Mytraffic, Veraset, Mobimétrie : analyse des flux mobiles anonymisés pour estimer le potentiel d’un emplacement
Google My Business, Avis Google/Tripadvisor : pour analyser la e-réputation de chaque commerce, et voir où la concurrence cartonne ou souffre
Enquête Procos 2024 : “55 % des enseignes utilisent un outil de data géolocalisée pour sélectionner leurs futurs points de vente, contre 37 % seulement en 2021” .
Il faut toujours réaliser le bon mix entre informations terrains et informations digitales
“Je croise toujours les données des outils que j’utilise avec mon observation personnelle. Un flux piéton élevé ne suffit pas : il faut aussi regarder le profil des passants et leur comportement devant le local.”
— Laurent, développeur de réseau retail (2025)
Analyser l’environnement concurrentiel : plus que jamais une priorité
La concurrence locale ne se limite plus aux voisins directs !
Aujourd’hui, un commerce affronte :
D’autres magasins de la même rue,
Des services de livraison (Uber Eats, Amazon…),
Des boutiques éphémères ou “pop-up stores”,
Et même le “e-commerce local” (drive piéton, click & collect).
Cartographie les acteurs installés, les concepts émergents, les horaires d’ouverture, leur digitalisation.
Utilise pour cela :
Google Maps,
Les plateformes spécialisées (Codata, Urban Metrics),
Les réseaux sociaux (Instagram, Facebook, TikTok).
Observe la densité de concurrence, la complémentarité des offres, les “trous dans la raquette” (absence d’une enseigne ou d’un service).
Exemple : “La zone de chalandise moyenne d’un commerce alimentaire en centre-ville est de 1 à 2 km, mais la zone utile peut être plus petite en présence d’une forte concurrence” (APUR, 2023).
Regarde les avis Google, les photos, les réseaux sociaux des concurrents. Identifie les points faibles fréquemment cités (accueil, prix, horaires…).
Tableau pratique : grille d’analyse concurrentielle
| Critère | Concurrent A | Concurrent B | Concurrent C |
|---|---|---|---|
| Localisation | Centre-ville | Quartier gare | Périphérie |
| Horaires | 9h-19h | 8h-20h | 10h-18h |
| Offre clé | Café | Brunch | Pâtisserie |
| Prix moyen | 2,50 € | 3,20 € | 2,00 € |
| E-réputation (avis Google) | 4,2/5 | 3,9/5 | 4,7/5 |
Comprendre la clientèle locale en 2025 : attentes et habitudes
En 2025, la clientèle n’est plus un “groupe cible” figé. Les habitudes changent vite, et les attentes sont élevées :
Proximité : 80 % des Français privilégient encore les commerces proches de chez eux ,
Personnalisation : 62 % attendent des offres adaptées à leur profil ,
Digitalisation : 28 % des clients utilisent le click & collect ou la réservation en ligne .
Les outils comme Mytraffic, Mobimétrie, ou les stats des réseaux sociaux permettent de comprendre :
Quand les clients fréquentent la zone,
Leur origine (résidents, pendulaires, touristes…),
Les “temps forts” de la journée ou de la semaine.
Fais des interviews, installe un carnet d’observations, note les attentes ou frustrations des clients.
Conseil : Demande-leur pourquoi ils choisissent un commerce plutôt qu’un autre.
Mini-étude de cas
“Avant d’ouvrir ma boutique de vêtements à Lille, j’ai mené un sondage Instagram géolocalisé. Résultat : j’ai appris que la majorité des jeunes femmes du quartier cherchaient des produits durables et ‘made in France’. J’ai donc adapté ma sélection, et mon offre a immédiatement trouvé son public.”
— Marine, commerçante (2024)
Synthétiser et décider : la méthode SWOT
Tu as collecté de la data, observé le terrain, interrogé des clients ? Il est temps de passer à la synthèse.
La matrice SWOT (Forces, Faiblesses, Opportunités, Menaces) reste LA méthode.
Forces : atouts de ton projet (localisation, offre innovante…)
Faiblesses : points faibles à corriger (manque de visibilité, horaires réduits…)
Opportunités : évolution du quartier, arrivée de nouveaux habitants, projets urbains…
Menaces : nouveaux concurrents, évolution réglementaire, travaux à venir
Tableau SWOT (exemple pour un bar à jus) :
| Forces | Faiblesses |
|---|---|
| Emplacement central, offre saine, terrasse | Prix plus élevés que la moyenne, pas de parking |
| Opportunités | Menaces |
| Marché du “manger sain” en hausse, population étudiante | Arrivée d’une franchise, météo capricieuse |
Exemples concrets : deux études de marché réussies
Emma voulait ouvrir un coffee shop en 2024. Son parcours :
Analyse de la zone sur Urban Metrics (20 000 habitants à moins de 1,5 km)
Repérage de 2 concurrents directs et 1 chaîne via Google et Codata
120 questionnaires terrain avec un taux de retour de 18 %
Analyse des flux piétons Mytraffic : 3 000 personnes/jour devant le local
Bilan : ouverture en septembre 2024, CA supérieur de 20 % au prévisionnel un an après.
Mathieu voulait reprendre une épicerie, mais le quartier semblait “endormi”.
Après une étude fine :
Analyse de la concurrence invisible (livraison Uber Eats, AMAP locales),
Entretiens avec les résidents pour cerner les vrais besoins,
Consultation des bases de données INSEE sur le pouvoir d’achat,
il décide d’axer l’offre sur le local et le “fait maison”.
Résultat : “Mon panier moyen est 30 % supérieur à la moyenne du quartier, car je réponds à une demande ignorée par la grande distribution.”
FAQ : Les questions qu’on me pose le plus
1. Combien de temps prévoir pour une étude de marché local ?
Généralement 2 à 6 semaines, selon la taille du projet. Prends ton temps sur le terrain, c’est là que tu feras les découvertes les plus précieuses.
2. Faut-il passer par un professionnel ?
Pas forcément : un porteur de projet motivé, bien outillé et curieux peut réaliser une excellente étude. Mais pour des dossiers de financement importants, l’accompagnement d’un expert rassure les banques.
3. Quelles erreurs reviennent le plus souvent ?
Ne pas challenger ses idées, ignorer la réalité des flux, ou faire confiance à des “on dit”. Croise toujours plusieurs sources !
4. Comment valider mon étude avant d’investir ?
Teste ton offre (pop-up, vente événementielle, click & collect) : rien ne vaut le terrain pour valider la demande.
Conclusion
En 2025, réussir une étude de marché local, c’est savoir mixer données, outils numériques et intelligence du terrain. C’est aussi savoir se remettre en question, s’adapter, et garder une vision très locale.
Mets toutes les chances de ton côté : documente, observe, écoute… et n’hésite pas à te faire accompagner ou à croiser tes infos avec d’autres porteurs de projet.
Une étude de marché solide, c’est le socle d’un projet pérenne et rentable !
Forbes, « Pourquoi les entreprises échouent-elles, même lorsque tout va bien ? ».
INSEE Première n°1885, « Création d’entreprises : la préparation du projet, clé de la réussite », 2024.
Data.gouv.fr, Base SIRENE, janvier 2025
SAMMPO – « La stratégie commerciale à l’ère de la data », décembre 2024.
Statista, « Les attentes des clients envers le commerce de proximité en France », 2024.