Comment convaincre un investisseur ou un bailleur avec des datas locales
Convaincre un investisseur ou un bailleur, ce n’est plus une affaire de belles paroles ni même d’un simple business plan. Face à la concurrence et à la volatilité des marchés, l’argumentation doit aujourd’hui s’appuyer sur des données solides, précises, et surtout contextualisées localement. Les datas locales s’imposent désormais comme des outils décisifs pour lever les doutes, illustrer un potentiel, anticiper les risques et rassurer toutes les parties prenantes. Mais encore faut-il savoir lesquelles mobiliser et comment les présenter pour qu’elles fassent mouche.
Dans cet article, nous allons voir pourquoi et comment utiliser la data locale pour convaincre un investisseur ou un bailleur, en illustrant avec des exemples concrets et des conseils opérationnels.
Comprendre les attentes des investisseurs et des bailleurs
Avant de sortir ses graphiques et ses cartes, il faut revenir à l’essentiel : qu’attend réellement un investisseur ou un bailleur ? La réponse n’a rien de théorique : sécurité, rentabilité, lisibilité du projet et capacité à anticiper les aléas. Dans un contexte où le risque immobilier local peut vite faire la différence entre succès et déconvenue, chaque décision est passée au crible.
Un investisseur cherche d’abord la viabilité économique et la croissance potentielle : le quartier est-il en développement ? Y a-t-il de la demande ? Les loyers sont-ils soutenables ? Quant au bailleur, il veut avant tout la sécurité du revenu, la stabilité de l’occupation et la qualité du locataire. Dans les deux cas, l’appétence pour le risque dépend largement de la qualité des informations disponibles.
Or, plus l’info est précise, vérifiable et ancrée dans le réel local, plus elle a de la valeur. C’est là qu’interviennent les datas locales.
Pourquoi les données locales font la différence
On parle beaucoup de « data-driven » dans la tech, la finance, le marketing. Mais dans l’immobilier commercial ou d’investissement, la data locale devient un différenciateur puissant. Pourquoi ?
Concrétiser le potentiel d’un site. Parler du « bon emplacement » ne suffit plus : il faut le prouver avec des données de passage, de fréquentation, de consommation, etc.
Réduire l’incertitude. Les datas réduisent la part de « pari » et permettent des projections plus fines.
Donner du crédit à votre argumentation. Des chiffres sourcés, contextualisés, parlent bien plus fort qu’une simple conviction.
Se démarquer de la concurrence. Beaucoup de dossiers restent vagues ; apporter des datas précises, c’est montrer son sérieux et sa maîtrise du projet.
En bref : maîtriser la donnée locale, c’est envoyer le signal que vous connaissez votre marché – et que vous limitez les risques pour votre partenaire.
Quelles données locales mobiliser et comment les exploiter
La question n°1 de tout investisseur : y a-t-il du passage ? Aujourd’hui, il existe de nombreux moyens d’estimer ou mesurer le flux piéton : capteurs, téléphonie mobile anonymisée, bases publiques ou privées (ex : Mytraffic, Vectaury). Ces données permettent d’appuyer :
La visibilité du local
Le potentiel de clientèle spontanée
Les horaires de pics d’activité
Exemple : Montrer une courbe de fréquentation sur 12 mois, en comparant avec les moyennes du secteur, a un effet immédiat sur la crédibilité du dossier.
Le profil des habitants et des usagers du quartier est central : âge, CSP, taille des ménages, pouvoir d’achat, taux de propriétaires, niveau d’études… Les sources sont multiples : INSEE, bases locales, observatoires de la ville. Elles permettent de démontrer l’adéquation du projet avec la population ciblée.
Astuce : Croiser ces datas avec les tendances de consommation (études Kantar, CCI) pour personnaliser votre approche.
Un investisseur veut éviter les zones « mortes ». Il faut donc :
Mesurer la vacance commerciale (disponible via Codata, JLL, Procos, bases municipales)
Montrer la vitalité du tissu commercial local (ouvertures/fermetures, renouvellement, mixité d’activités)
Contextualiser par rapport à la ville ou au quartier
Chiffre clé : Le taux de vacance commerciale moyen dans les centres-villes français a atteint 11,2 % en 2023 selon Procos.
Le potentiel de consommation locale se mesure via le revenu médian, la dépense annuelle par poste (alimentaire, équipement, loisirs…), et les habitudes de consommation (ex : e-commerce vs commerces physiques). Ces datas sont clés pour projeter un chiffre d’affaires ou la solidité d’une demande.
Enfin, la desserte par les transports, le stationnement, la proximité des axes structurants pèsent lourd. Les bases de mobilité urbaine, Open Data des collectivités, ou Google Mobility Insights, permettent d’objectiver l’accessibilité.
Comment présenter ses datas pour convaincre
Une bonne donnée ne suffit pas : il faut savoir la raconter. L’erreur fréquente, c’est de présenter un flot de chiffres sans fil conducteur. Au contraire, structurez votre argumentation autour de 2-3 messages clés : « Ce quartier monte en puissance », « Ce flux piéton est supérieur à la moyenne », « La population cible est en croissance », etc.
Cartes de chaleur de flux piéton
Comparatifs avec des quartiers similaires
Évolution dans le temps (vacance, fréquentation, chiffre d’affaires du secteur)
Benchmarks locaux et nationaux
Astuce : Utilisez des visualisations claires, soignées, sourcées et légendées. Bannissez les “camemberts” incompréhensibles !
Anticiper les questions ou doutes, c’est montrer que l’on maîtrise son sujet. Exemples d’objections :
« La zone est-elle vraiment attractive ? »
« Ne risque-t-on pas une montée de la vacance ? »
« La population locale a-t-elle le pouvoir d’achat suffisant ? »
À chaque objection, préparez une réponse chiffrée !
Études de cas
Contexte : Une enseigne d’alimentation bio souhaite convaincre un investisseur d’ouvrir une boutique en centre-ville d’une ville moyenne.
Data mobilisées : Flux piéton, composition de la population, taux de vacance, chiffre d’affaires des commerces similaires, tendances de consommation bio dans la ville.
Argumentaire :
Le flux piéton moyen sur la rue est de 4 200 passages/jour, 20 % supérieur à la moyenne des rues commerçantes de la ville .
La part des 25-45 ans, principale clientèle visée, est de 32 % contre 25 % au niveau national (source INSEE).
Taux de vacance limité à 7,5 % sur ce secteur, contre 11,2 % au niveau national (source Procos ).
Les dépenses annuelles en produits bio dans la commune sont en croissance de 8 % par an depuis 5 ans .
Présentation : Un dossier illustré de cartes de flux, graphiques de tendance et comparatifs régionaux.
Contexte : Un propriétaire cherche à valoriser un local commercial dans un quartier qui a longtemps souffert de vacance.
Data mobilisées : Évolution du taux de vacance sur 5 ans, arrivées de nouvelles enseignes, évolution du pouvoir d’achat, mise en valeur de la rénovation de l’espace public.
Argumentaire :
Le taux de vacance est passé de 18 % à 10 % en 5 ans, signe d’une vraie dynamique de reprise .
5 nouvelles enseignes installées sur la même rue en 18 mois (source mairie).
Progression du pouvoir d’achat local de +4 % (source INSEE).
Amélioration des accès : extension du tramway, nouveaux stationnements (source mairie).
Présentation : Timeline d’évolution de la vacance, photos avant/après, témoignages de commerçants, chiffres de fréquentation.
Conclusion
En 2025, maîtriser la data locale est devenu un passage obligé pour convaincre un investisseur ou un bailleur. Il ne s’agit pas de noyer ses interlocuteurs sous une avalanche de chiffres, mais de structurer son discours autour de datas utiles, vérifiables et bien présentées. La donnée locale rassure, crédibilise, donne de la profondeur à l’argumentaire et permet de lever la plupart des objections.
En prenant le temps de sourcer chaque information, de mettre en forme ses données et d’adapter son discours à son interlocuteur, vous maximisez vos chances de convaincre et de faire aboutir votre projet immobilier ou commercial.